Introduction du livre deTristan Leoni, La Révolution iranienne. Notes sur l’islam, les femmes et le prolétariat, Entremonde, 2019 :
Février 1979 : la capitale iranienne hérissée de barricades, les habitants dans les rues, ivres de joie et armés de fusils d’assaut, les bâtiments publics saccagés, les commissariats ravagés par les flammes ; trois jours d’insurrection, et l’État qui vacille. […]
Bien souvent, la révolution iranienne se trouve réduite à sa seule dimension religieuse ; l’instauration de la République islamique, en avril 1979, qui lui fait suite ajoute en effet de la confusion en confirmant ce prisme (l’histoire de ce régime dépassant le cadre de notre étude, nous n’en aborderons que les premiers mois). C’est ne s’attacher qu’à l’aspect le plus spectaculaire et s’empêcher de comprendre le pourquoi de ce soulèvement, lié à la crise mondiale du capital, et son déroulement que de s’en tenir à ce constat. Le vaste mouvement qui naît et s’amplifie au cours de l’année 1978 est ainsi fréquemment occulté ; c’est pourtant lui qui, à force de grèves, de manifestations et d’émeutes, abat le régime du chah. Si l’une de ses faces les plus populaires est indéniablement son caractère islamique, le pouvoir des religieux ne devient hégémonique qu’en s’imposant à la société iranienne, qu’en affrontant et en réduisant au silence le mouvement des prolétaires et celui des femmes. La dimension ouvrière des événements iraniens et la lutte des classes qui s’y joue, essentielles, ont souvent été mal perçues à l’époque, parfois minorées, et elles demeurent aujourd’hui largement ignorées. LIRE LA SUITE