L’Amour : géopolitique des extrêmes

« L’Amour divise.» (Colin Thubron)

« L’océan Pacifique jouera à l’avenir le même rôle que l’Atlantique de nos jours et la Méditerranée dans l’Antiquité : celui de la grande voie d’eau du commerce mondial »
(Karl Marx)


Né en Mongolie et long de 4 300 km, l’Amour traverse les confins orientaux de la Russie, longe la frontière chinoise sur plus de 1 500 km, remonte vers la nord et atteint le Pacifique où il se jette dans la mer d’Okhotsk face à l’île de Sakhaline. L’origine du nom Amour est obscure : peut-être vient-il d’un terme indigène signifiant « Grande Rivière » ou « Douceur de Paix ». D’autres disent « Boueux ». En mandchou, il s’agit d’un « Fleuve Noir ».

Destination touristique, très prisé des Russes en voyage de noces, le cours de l’Amour, par ses paysages et peut-être aussi grâce à son nom, passe pour un des lieux les plus romantiques du monde. Mais pas tous les jours si l’on en croit l’Anglais Colin Thubron qui, de l’été 2018 et au printemps 2019, à près de 80 ans, l’a descendu de la source à l’embouchure, à cheval, à pied, en Transsibérien (qui a peu d’un train de luxe), et dans divers véhicules, en 4×4 UAZ ukrainien et dans une vieille voiture russe rajeunie par un moteur Renault. Des prairies eurasiennes aux bords du Pacifique en passant par la taïga sibérienne, à la limite des mondes cosaque et mongol, puis russe et chinois, le voyage n’est pas sans dangers : dus aux animaux (sangliers, loups, ours), aux accidents (une chute de cheval entraîne cheville et côtes cassées), et aux humains (bien que Thubron dispose des autorisations nécessaires pour visiter certaines zones, elles ne sont pas toujours reconnues par les autorités locales, et il sera deux fois, en Russie puis en Chine, détenu par des polices qui n’aiment guère l’étranger).

Il n’est pas dans nos habitudes de commenter des récits de voyage. Le sujet n’est pourtant pas sans rapport avec des thèmes traités sur DDT 21 et sur Troploin, notamment depuis la guerre en Ukraine. Tant il est vrai que sur les rives de l’Amour au moins autant qu’ailleurs, en compagnie des morts et des vivants, la géographie se confond avec l’histoire.

Un lointain passé, d’abord. Gengis Khan, né aux alentours de 1162 dans la région, y serait aussi enterré, mais plusieurs villages s’en disputent d’autant mieux le lieu exact que sa tombe fait aujourd’hui l’objet d’un culte.

En 1689, à Nertchinsk, une Chine encore vaillante impose à la Russie un tracé de frontière (faute de maîtriser les deux langues, les délégués recourent à des interprètes parlant latin). En 1858, renversement du rapport de force : à Aïgun, une Chine affaiblie reconnaît la souveraineté russe sur l’Amour, « traité inégal » parmi d’autres que doit accepter un empire en décadence.

À cette date, Bakounine est depuis un an déporté en Sibérie, et envisage la création d’« États-Unis de Sibérie ». En 1861, il parvient à fuir, traverse la région et s’embarque à Nikolaïevsk-sur-l’Amour d’où il gagne le Japon.

« Son évasion a finalement été rendue possible par la convergence unique d’un certain nombre de facteurs historiques interdépendants […] : (1) le déclin de la Chine en tant que puissance en Asie ; (2) l’expansion concomitante de la Russie vers l’Est en direction du Pacifique ; (3) l’émergence du Japon après environ 250 ans d’isolement ; (4) la montée des États-Unis en tant que puissance dans le Pacifique ; et (5) la rivalité entre les États-Unis et la Russie pour l’influence sur le nouveau marché japonais. » (Philip Billingsley) [toutes références à la fin du texte]

Peut-être Bakounine pensait-il sérieusement possible une future Sibérie indépendante dans le cadre de « la libre Fédération Slave qui pour la Russie, l’Ukraine, la Pologne et pour tous les pays slaves […] présente l’unique issue. » (lettre à Herzen et Ogarev, écrite en octobre 1861 après son arrivée à San Francisco).

En 1883, la découverte d’or en territoire chinois sur un affluent de l’Amour, le Zheltuga, déclenche une « ruée » comparable à celle vécue par la Californie au milieu du siècle, quoi-qu’ici à très petite échelle, et l’afflux de milliers de prospecteurs, surtout russes, mais venus aussi d’autres pays, y compris la France. Les fonctionnaires de la dynastie Qing sont loin et le territoire sans autorité légale. Il en naît une « République de Zheltuga », qui fait régner l’ordre par tous les moyens, même légaux (il y a des élections et un parlement), avec sa monnaie, sa poste, son drapeau, son hôpital (les repas y étaient paraît-il fort bons), ses casinos, ses bordels, son cirque, son code pénal (sans peines de prison, remplacées par des châtiments corporels, dont 500 coups de fouet pour homosexualité, sévérité adoucie ensuite semble-t-il, quand les femmes, beaucoup prostituées, furent admises dans cette république), mais aussi une répartition relativement égalitaire des terres entre prospecteurs, et un travail coopératif sur le modèle de l’artel russe. Les pionniers de cette « Californie-sur-Amour » se déclaraient inspirés de l’Ancien Testament mais aussi de la démocratie américaine. Au bout de quatre ans, la Chine et la Russie finissent par mettre un terme à cette expérience d’auto-organisation démocratico-autoritaire.

Des mines d’or existaient également en territoire russe, avec une main d’œuvre composée de bagnards : elles ferment fin XIXe siècle.

Zone de contact et de fracture, l’extrême-Sibérie est un lieu de déportation, de colonisation, et de tuerie : massacres de populations locales mongoles, bouriates également (réduits aujourd’hui à 2 % des habitants de la Mongolie), de milliers de Chinois en 1902, de milliers de civils (femmes et enfants compris) durant la guerre civile russe, victimes des Rouges comme des Blancs.

La Mongolie n’est pas loin. Ex-protectorat tsariste, ensuite théoriquement indépendante mais sous contrôle total de l’URSS pendant des décennies (et membre fondateur de l’ONU en 1945 tout comme la Biélorussie et l’Ukraine), elle ne fut pas épargnée par le régime stalinien et la Grande Terreur des années 1930, aggravée par la volonté gouvernementale de sédentariser les nomades par la force.

Sur un affluent de l’Amour, le territoire du Birobidjan a accueilli la Région autonome juive, créée en 1934, sorte de Palestine sibérienne concurrente de l’Israël moyen-orientale sioniste, et qui administrativement existe encore dans la Fédération de Russie contemporaine. L’URSS considérant « les Juifs » comme une « nationalité », celle-ci avait droit comme les autres à « son » espace géographique, avec sa langue (le yiddish). Après tout, faute de Palestine, des sionistes avaient un temps envisagé de faire de l’Ouganda leur terre d’asile. Dans les faits, victime de son caractère artificiel, d’un climat peu accueillant et des purges des années 1930, la population juive du Birobidjan, malgré un bref afflux après 1945, ne dépassera jamais quelques dizaines de milliers de personnes dont beaucoup émigreront en Israël dès qu’ils le pourront, et l’oblast compte à peine 1 % de Juifs aujourd’hui.

À quelque distance de Khabarovsk (500 00 habitants, la plus grande ville russe sur l’Amour), Colin Thubron visite le lieu où les Russes avaient gardé prisonnier Pu Yi entre 1945 et 1950. Dernier empereur de Chine en 1908, il abdique en 1911 et se voit installé en 1931 empereur du Mandchoukouo, État fantoche découpé par les Japonais dans le territoire chinois qu’ils avaient conquis. Remis ensuite à la Chine maoïste, longuement rééduqué, Pu Yi devient jardinier, puis bibliothécaire, enfin député, et finit sa vie en 1967.

Non loin de là, en 1942 (ou 1941, la date est discutée) était né Kim Jong-il, fils du chef de la résistance coréenne contre le Japon, Kim Il-sung, promu dirigeant de la Corée du Nord en 1945. Le jeune prodige est censé avoir marché à 3 semaines, parlé couramment 15 jours plus tard, et écrit 150 ouvrages (il est permis de se demander à quel point les habitants du pays adhèrent à pareille légende). Kim Jong-il est le père de l’actuel président. Le géant chinois a perdu ses dynasties, la petite Corée a inauguré la sienne.

A Troitskoye, ville de 15 000 habitants, Thubron visite le musée local consacré aux Nanaïs, un des « petits peuples » sibériens, survivant tant bien que mal : vêtements brodés, arc et flèches, coiffure de chamane, vestiges d’une culture autant emprisonnée que préservée. Les Nanaïs ne sont plus que 12 000, et leur langue s’efface.

L’Amour longe ensuite la frontière chinoise, et sépare les villes jumelles de Blagoveshchensk et Heihe. Des braconniers russes vendent illégalement des animaux sur l’autre rive. D’autres Russes, surnommés « les chameaux », achètent des produits chinois pour les revendre dans leur pays. La Russie est impuissante devant l’essor d’« un marché à sens unique où le consommateur russe aidé par Moscou achèterait des biens manufacturés transformés en Chine à partir de matières premières russes » (Hérodote, 2010). Douanes corrompues, criminalité organisée, ce Far East a des airs de Far West. En amont, à Nertchinsk, où fut signé le traité de 1689, ville minière au XIXe siècle mais peu prospère aujourd’hui, on raconte qu’en 2001 les membres d’un gang mirent par erreur le feu à un arsenal.

Les Russes dénoncent une trop grande présence chinoise, accusant les entreprises chinoises d’acheter ou louer des terres (1/4 des sols cultivables, répète-t-on), et de surexploiter la forêt avec la complicité de fonctionnaires russes. Selon les statistiques et les fantasmes, la population chinoise dans l’ensemble de la région (jusqu’à Vladivostok, fondé en 1860, après la défaite russe dans la guerre de Crimée, afin d’empêcher les Anglais de prendre pied dans cette région) compterait entre 30 000 et 250 000 personnes, incertitude accrue par la proportion de migrants illégaux. David Teurtrie, lui, estime à 150 000 le nombre de Chinois dans tout l’Extrême-Orient russe.

Comme dans un quartier appauvri d’Europe ou des États-Unis, le centre commercial voisine avec des immeubles délabrés. Là aussi, misère et modernité se mêlent. Interrogés sur l’avenir qu’ils se rêvent, les adolescents d’une école déshéritée s’imaginent faire fortune… ailleurs. Une bibliothèque de village abrite 2 000 livres (beaucoup de classiques, dont des traductions de Dickens), empruntés surtout par des vieux, publiés à l’époque soviétique : « C’était mieux avant », commente la bibliothécaire.

Quel « avant » ?

En août 1939, après une succession d’incidents de frontière, le Japon, qui occupe la plus grande partie de la Chine, attaque l’URSS sur la frontière mongole. Une contre-offensive russe repousse fermement l’invasion et, bien que signataire avec l’Allemagne et l’Italie d’un Pacte Anti-Komintern explicitement dirigé contre l’Union soviétique, le Japon renonce à s’en prendre à l’URSS : les deux pays coexisteront en paix armée jusqu’en août 1945. 

Trente ans plus tard, sur un affluent du fleuve Amour, l’Oussouri, les querelles frontalières rebondissent, cette fois entre Chine maoïste et URSS. Cause ? prétexte ?… les crues modifient le lit du fleuve, et avec lui la démarcation entre les rives russe et chinoise : il en résulte une courte guerre et, selon les versions officielles, plusieurs centaines de morts, ou – estimation plus crédible – au moins 20 000.

Après 2000, Poutine déclare craindre que l’Extrême-Orient russe parle majoritairement chinois d’ici quelques décennies.

Certes, la Chine a cessé de revendiquer la région autrefois conquise par la Russie tsariste au nord de l’Amour. Mais la croissance chinoise est facteur de déséquilibre : son dynamisme industriel contraste avec une économie russe forte seulement de ses exportations de matières premières et de céréales, d’autant que 2 millions de Russes font face à des provinces chinoises comptant 110 millions d’habitants.

Les gardes-frontières russes ont troqué la peur du Japonais fasciste contre celle du Chinois, et exigent un permis pour circuler dans ces confins. Une partie de la région a d’ailleurs été longtemps interdite. Komsomolsk-sur-Amour, fondée en 1932 par des équipes des Jeunesses communistes (d’où le nom de la ville), est au centre d’un complexe militaro-industriel dont l’existence était autrefois secret d’État. Des centaines de milliers de détenus politiques, puis après 1945 de prisonniers japonais, y ont travaillé – et beaucoup laissé leur vie. On y trouve aujourd’hui une des plus grandes usines aéronautiques russes, fabriquant le Sukhoï Su-27 et ses variantes, avions de chasse vendus notamment à la Chine.

Peu après le début de son expédition, Colin Thubron, apprenant de sa femme au téléphone à Londres qu’il se trouvait au milieu de manœuvres russo-chinoises Vostok 2018 impliquant 300 000 soldats, entend alors le vacarme de transports de troupes roulant dans la rue. Les chiffres sont invérifiables, et seuls 3 200 Chinois y auraient participé. En tout cas, Thubron y voit « moins un exercice militaire qu’un avertissement politique adressé à l’Occident ». Cela écrit avant la guerre d’Ukraine.

Il serait tentant de se représenter États-Unis, Russie et Chine comme trois blocs constitués, comparables aux empires totalitaires qui se partagent le monde dans 1984 : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia, deux d’entre eux étant toujours en guerre contre le troisième jusqu’à ce que chacun change d’allié et d’ennemi. Mais Orwell écrivait un roman de politique-fiction où la géopolitique n’était pas le thème central. Dans la réalité, les rivalités opposent des ensembles étatiques susceptibles de phases offensives comme de « pauses » dans une neutralité (armée ou non). Un des principaux belligérants de la Guerre de 14-18, la Turquie, s’est tenue à l’écart de celle de 39-45. La Suède, neutre depuis deux siècles, est maintenant partie prenante de l’alliance atlantique. Pendant le second conflit mondiale, deux mois avant l’attaque allemande de 1941, malgré l’adhésion du Japon au Pacte Anti-Komintern, l’URSS signe avec ce pays un pacte de neutralité, et Moscou attendra Hiroshima pour déclarer la guerre à Tokyo, l’Armée Rouge entrant alors massivement en Mandchourie et en Corée.

Les zones-charnière sont les mieux susceptibles de servir au déclenchement d’un conflit : Corée, Vietnam… Ukraine aujourd’hui. À l’extrême-est de l’Eurasie, la Mongolie (parfois appelée « extérieure », par opposition à celle à l’intérieur de la Chine), longtemps satellisée par l’URSS, s’en est émancipée quand l’Union soviétique a disparu, s’inventant une constitution démocratique, découvrant le parlementarisme, et entrant dans le jeu des rapports de force entre grandes puissances. Coincée entre une Russie qui lui fournit l’essentiel de ses ressources énergétiques, et une Chine avec qui elle fait la majeure partie de son commerce extérieur, elle a jugé de bonne politique de se rapprocher de l’OTAN. Sans en être « membre », elle en est « partenaire » aux côtés d’une trentaine d’autres, dont l’Australie, le Japon, la Corée du Sud et l’Ukraine (celle-ci impatiente d’en devenir membre à part entière). La Mongolie a même apporté sa modeste contribution à la coalition otanienne en Afghanistan. Ce petit pays (3,5 millions d’habitants sur 1,5 million de km2, trois fois la superficie française) espère ainsi échapper aux étreintes des deux géants qui l’enclavent, russe au nord, chinois au sud. Se donner un protecteur lointain pour préserver sa propre souveraineté contre la domination de ses voisins ne va pourtant pas sans risques. Les États tampon pèsent seulement le poids que leur accordent les intérêts fluctuants des grands États qui les entourent.

Début XXIe siècle, entre les principales puissances de cette région – Russie, Chine, Japon – rien n’est écrit d’avance. Le lieu de rencontre de l’Eurasie et du Pacifique ne préfigure pas l’éclatement d’une Troisième Guerre mondiale, il est simplement un de ces points de tension aujourd’hui gelée, d’où pourra sortir dans x années un conflit majeur. Unique certitude, le « doux commerce » cher à Montesquieu, ou ce qui a nom aujourd’hui « bataille pacifique » et « compétition stratégique », ne sont pas porteurs de paix. Plus d’une frontière a vocation à devenir un front, et nous ignorons où se produira l’explosion. Comme le lit de l’Amour, la géopolitique est mouvante.

« L’Amour nous échappe », écrit le voyageur.

G.D., septembre 2023

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Quelques lectures…

Colin Thubron, The Amur. Between Russia & China, Chatto & Windus, 2021. Dans la tradition du « gentleman voyageur », Thubron livre moins une analyse politique et sociale qu’un récit personnel, vivant et souvent inattendu d’ailleurs.
« Chaque phrase que j’écris est imprégnée de ma culture, de ma classe, de ma race, et on n’y peut rien. » (Entretien dans le Financial Times, 10 septembre 2021)
Traductions françaises de certains de ses ouvrages chez Gallimard : En Sibérie (2010), À l’Ombre de la route de la soie (2012).

Autres livres où en d’autres lieux le voyage traverse l’histoire :
Claudio Magris, Danube, Folio, 1990 [1986].
Jan Brokken, Les Âmes baltes. Périple à travers l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, Denoël, 2013 [2010].

Henry Lansdell, Through Siberia, Sampson Low, Marston, Searle & Rivington, Fleet Street, Londres, 1883. Prêtre et voyageur en Asie, intéressé par la géographie, les mœurs locales, les prisons, la condition de vie des forçats, l’exploitation minière, etc. D’autres ouvrages d’Henry Lansdell sont également accessibles sur Internet.

Sur la guerre civile qui ravage l’Extrême-Orient russe et la Mongolie (1918-1920), et jusqu’en Chine : Hugo Pratt, Corto Maltese en Sibérie, Casterman, 1979.
Dans un autre style : Joseph Delteil, Sur le Fleuve Amour, Grasset, 1923.

Karl Marx, Nouvelle Gazette Rhénane. Revue politique et économique, n° 2, Février 1850.

Karl Marx & Friedrich Engels, La Chine, 10/18, 1973. Longue présentation de Roger Dangeville. Nombreux articles sur les rapports entre Chine et Russie.

Correspondance de Michel Bakounine. Lettres à Herzen & Ogareff 1860-1874, Librairie académique Didier, Perrin & Cie, 1896.

Philip Billingsley, « Bakunin in Yokohama: The Dawning of the Pacific Era », The International History Review, 1998.

Madeleine Grawitz, Bakounine, Calmann-Lévy, 1990.

L’expérience de Zheltuga a été interprétée dans les sens les plus opposés : république autogérée par les travailleurs ? reprise des traditions communautaires russes ? dictature pseudo-populaire ? voire un mélange des trois ? Faute de mieux, on trouvera ici quelques informations en anglais :
E. Curb Nottus, « Manchurian “California” – The Zheltuga “Republic” of Adventurer-Bandit Prospectors », 7dayadventurer.com, 2022
 Kaushik Patowary, « Zheltuga: The Illegal Russian Gold Mining Town That Sprang Up in China », amusingplanet.com, 2021.

Sur le Birobidjan : Henri Sloves, L’État juif de l’Union soviétique, Les Presses d’Aujourd’hui, 1982.

David Teurtrie, Russie. Le Retour de la puissance, Armand Colin, 2021.

Cédric Gras, Vycheslav Shvedov, « Extrême-Orient russe, une incessante (re)conquête », Hérodote : Géopolitique de la Russie, 2010

Et ces trois autres numéros de la revue Hérodote :
Géopolitique de l’URSS, n° 47, 1987. Intéressant à divers titres. Entre autres mais pas seulement, pour ce que ces articles montrent de l’évolution du regard porté selon les époques sur les rapports de force mondiaux. Quatre ans avant la fin de l’URSS, Yves Lacoste écrivait : « État gigantesque, avec bientôt 300 millions d’habitants, et disposant de la plus forte, sinon la plus nombreuse armée du monde, l’Union soviétique apparaît aujourd’hui comme une puissance colossale que rien ne menace. »
Les Marches de la Russie, n° 54-55, 1989. En particulier, sur la région de l’Amour, Catherine Sauer-Baux, « Pourquoi les Russes ont-ils lâché l’Alaska ? ».
À l’Est & au Sud, n° 58-59,1990.

Sur la guerre en Ukraine :

Gilles Dauvé, « La paix, c’est la guerre », Troploin, juin 2022.

Tristan Leoni, « Adieu la vie, adieu l’amour… Ukraine, guerre et auto-organisation », DDT21, mai 2022.

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